Les tonalités

LA culture musicale occidentale divise l'octave en douze intervalles supposés égaux (précisions à venir), appelés « demi-tons ». Une mélodie habituelle privilégie certaines notes plutôt que d'autres: une gamme est une succession de tons et de demi-tons (en première approximation).

Une gamme majeure: le do majeur

Le piano est organisé de façon à privilégier la gamme de do majeur; pour simplifier le propos, nous utiliserons cette gamme-là. Les chiffres romains représentent les degrés de la gamme, la troisième colonne l'écart par rapport à la note précédente, la cinquième l'intervalle par rapport à la tonique.

I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
do

mi
fa
sol
la
si
do
+1 ton
+ 1 ton
+½ ton
+1 ton
+1 ton
+1 ton
+½ ton
tonique
sus-tonique
médiante
sous-dominante
dominante
sus-dominante
sensible
tonique
unisson
seconde (majeure)
tierce (majeure)
quarte (juste)
quinte (juste)
sixte (majeure)
septième (majeure)
octave

Comme sur le piano, on voit apparaître deux groupes de tons entiers, séparés chaque fois par un demi-ton: entre le mi et le fa et entre le si et le do. Ce demi-ton entre la sensible et l'octave rend la première instable (impression peut-être d'origine culturelle). Le chant grégorien, en principe, supprime cette sensible.

Une gamme mineure: le la mineur

Voici la structure de la gamme mineure antique, relative mineure de la tonalité de do majeur (comme le do majeur est le relatif majeur du la mineur):

I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
la
si
do

mi
fa
sol
la
+1 ton
+½ ton
+ 1 ton
+1 ton
+½ ton
+1 ton
+1 ton
tonique
sus-tonique
médiante
sous-dominante
dominante
sus-dominante
sous-tonique
tonique
unisson
seconde (majeure)
tierce (mineure)
quarte (juste)
quinte (juste)
sixte (mineure)
septième (mineure)
octave

Il n'y a pas de sensible dans la gamme mineure antique, mais une sous-tonique. Le septième degré est diésé et redevient sensible en mineur harmonique ou mélodique.

Les autres tonalités

Si l'on veut commencer une gamme majeure en sol, on peut, en suivant les touches blanches du piano, égréner la succession de tons et de demi-ton, sauf pour le fa, que l'on doit diéser pour respecter le demi-ton final avant l'octave. Toute mélodie en sol majeur comportera ce fa dièse, que l'on place en début de portée, signant ainsi la tonalité de sol majeur, ou en mi mineur, son relatif mineur.

En progressant par quinte, on obtient une succession de dièses à ajouter à la clé:

sol majeurmi mineur1#:fa
ré majeursi mineur2#:fa, do
la majeurfa# mineur3#:fa, do, sol
mi majeurdo# mineur4#:fa, do, sol, ré
si majeursol# mineur5#:fa, do, sol, ré, la
fa# majeurré# mineur6#:fa, do, sol, ré, la, mi
do# majeurla# mineur7#:fa, do, sol, ré, la, mi, si

En progressant par quartes, on obtient la succession de bémols:

fa majeurré mineur1b:si
sib majeursol mineur2b:si, mi
mib majeurdo mineur3b:si, mi, la
lab majeurfa mineur4b:si, mi, la, ré
réb majeursib mineur5b:si, mi, la, ré, sol
solb majeurmib mineur6b:si, mi, la, ré, sol, do
dob majeurlab mineur7b:si, mi, la, ré, sol, do, fa

Note: il est possible que pour les gammes mineures harmoniques et mélodiques, on doive diéser les septième ou sixième degré(s) déjà diésé(s) à la clé. On utilise alors le double dièse (×, en forme de 'x'). Pour diéser un note bémolisée, on utilise un bécarre (en forme de chaise, sans pied derrière.

Les tons voisins

Sont voisins les tons qui:

Cette notion est intéressante parce que, classiquement (et cela continue à se vérifier grandement) on ne peut moduler (changer de tonalité) que vers un ton voisin, soit lors du passage du couplet au refrain ("Tout va très bien, madame la Marquise" de Ray Ventura et ses Collégiens, de do majeur en sol majeur):

…soit à l'intérieur d'une phrase musicale («Bruxelles» de Dick Annegarn, passage de do majeur en la majeur (fa# do# et sol#):

Ces changements de tonalités impliquent l'utilisation d'autres accords.

Un autre changement de tonalité courant

Bien que des tonalités séparées par deux altérations (ce qui correspond à une seconde majeure, soit un ton) ne sont pas voisines, il est courant de reprendre le dernier refrain un ton plus haut. Il suffit alors de transposer les accords d'un ton vers le haut, en supprimant deux bémols, en ajoutant deux dièses ou en supprimant le bémol pour un dièse. Par exemple ("Les copains d'abord" de Georges Brassens, passage pour la dernière strophe du do majeur au ré majeur (fa# et do #):